13 juillet 1921. Les fusiliers marins et les canonniers marins à l'honneur aux Invalides
- marine-maubec
- 27 mai
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Le 13 juillet 1921, lors d'une cérémonie dans la cour d'honneur des Invalides, les fusiliers marins et les canonniers marins reçurent des mains du Président de la République leurs nouveaux drapeaux. Nouveaux, car bien que les premiers en eussent reçu un premier le 10 janvier 1915 après leurs exploits à Dixmude, celui-ci avait été malheureusement détruit dans un incendie. Quant aux seconds, le leur, reçu en février 1918, devait vraisemblablement recevoir la mention de leurs derniers fait d'armes ("Bataille de France 1918").
Cette événement fut immortalisé par quelques clichés appartenant aujourd'hui au fonds BNF / Gallica. Il eut la particularité d'être la seule solemnité de ce 14 juillet 1921, car le Gouvernement, en accord avec les Chambres, avait décidé au dernier moment d'annuler la revue habituelle. Pour quelle raison ? Des économies ? Nous ne sommes pas parvenus à la déterminer.
Cette revue des marins se déroula cependant car ces derniers avaient semble-t-il déjà été mis en route vers Paris quand la décision tardive fut prise par le Gouvernement (information tirée du journal L'action quotidienne du 14 juillet 1921)...
Remettant les deux drapeaux aux marins, Alexandre Millerand prononça les paroles suivantes : "Je vous remets ces drapeaux que je confie à votre garde. Ils portent sur leur étamine des noms glorieux des Ronarc'h, Joffre, Foch, Pétain, luttant aux côtés de vos camarades des armées de terre, vous avez reculé les bornes de l'héroïsme. La légende merveilleuse du courage et de la vaillance a été écrite par vos soins sur les plis de ces drapeaux. Elle est tout entière dans ces mots qui résument l'idéal du soldat et du marin français : Honneur et Patrie !" (Le Journal du 14 juillet 1921)

Sur le cliché ci-dessus, les deux nouveaux drapeaux sont présentés au Président par un enseigne et un lieutenant de vaisseau. Ceux-ci portent les aiguillettes, signe de leur appartenance soit au cabinet du ministre de la Marine, soit à la Maison militaire du Président, soit encore à l'état-major général, ce qui est le plus probable, car on ne voit nulle bande d'or sur leur pantalon et on note la présence derrière eux du chef d'état-major général de la Marine, le vice-amiral Maurice Grasset.
Ces officiers sont en tenue n°1, telle que définie le 11 septembre 1919, dont le port avait été suspendu du 25 mars 1920 au 11 avril 1921 du fait des pénuries rendant difficile l'acquisition de la passementerie, en particulier des épaulettes. On peut noter que les officiers généraux portent le ceinturon en soie bleu / ponceau (selon le grade) et or, alors que les autres officiers ont le ceinturon en soie noire.
Plusieurs amiraux participèrent à cette cérémonie, dont le contre-amiral Jéhenne qui en 1918 commandait les formations de marins détachés aux armées, canonniers marins et fusiliers marins, après avoir exercé son autorité sur les seuls premiers (voir https://www.marins-traditions.fr/post/un-exercice-de-mise-en-batterie-d-un-canon-de-marine-de-16-cm-le-13-septembre-1916). Il peut s'agir de lui à droite (contre-amiral portant sur le bras gauche plusieurs chevrons de présence au front).
En plus des fusiliers marins de Lorient et sans doute de marins de l'École de canonnage, deux promotions d'élèves de l'École navale étaient présents, les aspirants à gauche, les fistots à droite. Bizarrement, les cadres étaient en tenue n°2 (pas d'épaulettes). Les élèves disposaient pour les cérémonies du seul veston à col ouvert et coupe croisée adopté le 18 avril 1918.

Pas d'épaulettes non plus pour l'encadrement des fusiliers marins qui présentent les armes. La longueur du fusil Lebel et de sa baïonnette reste impressionnante.

Plusieurs amiraux furent décorés au cours de la cérémonie : les vice-amiraux Lacaze, Boué de Lapeyrère, Rouyer et de Bon furent élevés à la dignité de Grand' Croix de la Légion d'honneur.
A la fin de la cérémonie, les marins et élèves officiers allèrent se mettre en place pour former une haie, des Invalides à l'Élysée, pour le Président de la République. Ils défilèrent rue Royale où le ministre Gabriel Guist'hau les saluèrent depuis un balcon du ministère, déclarant "On ne dira jamais assez de bien de la marine française, dont le rôle pendant la guerre a été des plus actifs, bien que trop méconnu"...

Ce fut avant l'heure une journée du marin !
Sur les drapeaux, le lecteur pourra se référer à l'article qui leur est consacré sur notre site : https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_4efcf3880885463c8b4aa8656829e25c.pdf
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