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1902. Le Président Émile Loubet passe par Brest avant de se rendre en Russie.

C'est de Brest, et non de Cherbourg ou de Dunkerque également en lice pour recevoir le Président de la République en transit, que partit Emile Loubet vers la Russie le 14 mai 1902, voyage qui devait confirmer l'alliance franco-russe. Autre époque...

Arrivé le matin avec une nombreuse suite (dont le Président du Conseil Waldeck-Rousseau, le ministre des Affaires étrangères Delcassé et le ministre de la Marine de Lanessan), dès sa sortie de la gare, le Président remit de nombreuses décorations. C'était manifestement de tradition...

La Dépêche de Brest du lendemain nous donne le nom des récipiendaires. Parmi eux, l'ingénieur en chef de 1re classe Trogneux reçut la croix de chevalier de la Légion d'honneur. C'est sans doute lui qui est décoré ci-dessous, car on devine l'écusson brodé au bas de son dos et il porte des épaulettes à grosses torsades, marques des officiers supérieurs de la marine ; or il est le seul de cette catégorie à être décoré ce jour-là... Les autres marins décorés sont au "présentez sabre" sur la gauche.

Deux officiers attirent l'oeil avec leur double bande dorée au pantalon (avec une soutache dorée entre les deux que la faible définition de la photo ne nous permet pas de percevoir) ; ce sont des officiers de la maison militaire du Président de la République – désormais état-major particulier du Président de la République – : le général de brigade Dubois (plume noire au chapeau, tunique à deux rangs de boutons et broderies au collet et aux parements) et le capitaine de frégate Huguet (aide-de-camp, juste à droite d'Emile Loubet), dont on distingue les aiguillettes et qui donne à ce dernier les insignes de la Légion d'honneur à remettre qu'un matelot présente sur un coussin. Autre personnage remarquable, le préfet maritime (à droite du matelot), le vice-amiral de Courthille (habit à un seul rang de boutons, bicorne à plume blanche).

La scène paraît "bon enfant" et assez peu formelle pour la remise d'ordres nationaux, à l'image des dessins de Gervèse.

Le Président décora également le lieutenant-colonel Mosse de l'infanterie coloniale. Sur cette seconde vue, on aperçoit clairement les glands de la ceinture du commandant Huguet ; les officiers de marine de la maison militaire portaient en effet l'épée, et non le sabre, suspendue à un porte-épée qui était recouvert de la ceinture de commandement or et soie ponceau. Le vice-amiral à droite de cette carte postale est probablement le vice-amiral Roustan (on entrevoit les trois étoiles sur les glands de sa ceinture ; il porte la plume blanche au chapeau).

Naturellement, une forte pluie s'invita à la fête. Elle ruisselait sur le cours d'Ajot...

Un grand banquet fut offert dans le hall Fautras qui accueillit 1 500 convives. Suivit un passage à l'hôpital maritime. Enfin, le Président et sa suite rallièrent l'arsenal avant d'embarquer sur le Montcalm, spécialement préparé pour le recevoir. Pour s'y rendre, le canot impérial reprit du service (avec le roof, mais sans la couronne) ; il fut remorqué jusqu'au Montcalm par le canot à vapeur du préfet maritime. Le Président fut salué par 21 coups de canon et le cri des équipages "Vive la République" (7 fois) des bâtiments au mouillage arborant tous le grand pavois (1re photo : aviso-torpilleur Yatagan ; 2e photo : torpilleur Durandal). Il se rendit d'abord sur le Borda, bâtiment hébergeant l'Ecole navale, puis sur la Bretagne, bâtiment de l'école des mousses. Enfin, il rallia le Montcalm (3e photo), qui se disposa à appareiller pour une revue navale puis le départ, suivi par le Guichen (4e photo) avec lequel il allait constituer une division de la Baltique de circonstance commandée par le vice-amiral Roustan. Les grands pavois furent alors rentrés au profit du seul petit pavois (pavillon national à la poupe, au beaupré et au mâts), le Montcalm arborant en tête de mât la marque du Président.

Le croiseur cuirassé Montcalm, du type Gueydon, était alors commandé par le capitaine de vaisseau Bonifay. C'était un bâtiment moderne pour l'époque ; il avait été admis au service actif le mois précédent. Le Guichen quant à lui datait de 1898. Nul doute que la Marine avait voulu envoyer en Russie deux de ses bâtiments les plus modernes, si ce n'était les plus gros.

Le Président était accompagné pendant la traversée de quelques collaborateurs, dont Abel Combarieu, secrétaire général de la Présidence de la République qui ne goûta guère d'être bercé par la Manche et la mer du Nord (16 mai 1902): "Deux jours de mer déjà, non sans tribulations: un fort tangage, mal de mer complet par le travers d'Ouessant dès le premier soir et toute cette matinée; je n'ai pu me lever ; la moitié de nos gens était sur le flanc. Nous sommes passés à la hauteur de Hambourg, mais très loin de terre. Le Président, toujours vaillant, fumait la pipe sur sa terrasse, pendant que nous demandions nos cuvettes avec précipitation." (Abel Combarieu, Journal intime de la Présidence de la République Emile Loubet – 1899 – 1906, Association Emile Loubet, 2024). Emile Loubet, originaire de la Drôme – il fut maire de Montélimar – avait donc le pied marin !

L'arrivée à Kronstadt intervint le 20 mai. Dans son numéro du 18 mai, le supplément illustré du Petit Journal rendit compte du départ d'Émile Loubet vers la Russie.

Photos BNF - Gallica. Informations La Dépêche de Brest.

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