Trois photos issues de la collection de BNF/Gallica permettent d'évoquer les conférences interalliées de 1917.
Le premier cliché nous montre du côté français le CA Lacaze, ministre de la Marine, et le vice-amiral de Bon, chef d'état-major général de la Marine, et du côté anglais l'amiral Jellicoe, premier Lord de la mer, et le capitaine de vaisseau Kelly. La scène se déroulerait le 23 ou le 24 janvier à Londres, d'après la BNF. Curieusement, aucun amiral italien n'apparaît sur cette photo, alors qu'en particulier l'amiral Corsi, chef d'état-major général de la marine royale italienne, participa à cette réunion présidée par le ministre premier Lord de l'Amirauté, Sir Edward Carson.
Lors de cette conférence de janvier sur la situation navale en Méditerranée, alors que la menace que représentaient les sous-marins était croissante, s’imposèrent le constat d’un commandement mal organisé, d'armées navales toujours organisées en vue d'un combat d’escadres, d’une direction de la guerre difficile sur un théâtre aussi vaste, d’une direction générale des opérations assurée nominalement par les Français (à l'exception de l'Adriatique, relevant des Italiens) mais en fait par les Britanniques, et la question de la meilleure tactique à opposer aux sous-marins : routes patrouillées ou convois ?
La priorité était clairement donnée à la lutte contre les sous-marins. Le résultat de la conférence fut le rappel des cuirassés britanniques de Méditerranée afin d'utiliser leurs équipages à l'armement de nombreux contre-torpilleurs, considérés davantage nécessaires en Atlantique, et à la mise en oeuvre des canons destinés aux navires de commerce. Il fut décidé que pendant une période d'expérimentation le système des routes patrouillées serait adopté en Méditerranée orientale, sauf pour les navires anglais en transit entre le cap Bon et Port-Saïd...
Sur cette photo, nous pouvons constater la rigueur, voire le caractère simpliste, du veston des amiraux français, comparés au veston à coupe croisée et col ouvert des officiers de la Royal Navy. C'est ce qui amena la Marine nationale à adopter une coupe analogue le 18 avril 1918.
Nous observons également la casquette de mer du contre-amiral Lacaze. Cette casquette au bandeau simplifié noir (aux broderies d'ancres et de feuilles de chêne de même couleur), avec les deux étoiles du grade entourées de feuilles de chêne en or, s'apparente au modèle adopté en 1912, mais n'y est pas conforme, car elle ne possède pas les deux câbles or en haut et en bas du bandeau noir. Il est surprenant que le ministre de la Marine ne portait pas la casquette de mer réglementaire adoptée en 1913, à l'écusson frontal ovale entouré d'un guipé en cannetille et portant les étoiles du grade (ci-dessous les deux broderies de casquette de mer de vice-amiral 1912 et 1913).
L'amiral porterait la même casquette lors de la conférence interalliée se tenant à Paris du 24 au 26 juillet, où, pour les marins français, nous retrouvons les mêmes protagonistes. En passant, la similitude des éléments architecturaux nous fait douter que la première photo ait été prise à Londres...
Le troisième cliché immortalise la sortie du Quai d'Orsay des généraux Pétain, commandant en chef, Foch, chef d'état-major général, et Weygand, sous-chef d'état-major, accompagnés par le contre-amiral Lacaze pour les Français, et du maréchal Haig pour les Anglais. Les sujets de préoccupation discutés lors de cette conférence furent les difficultés sur le front de Salonique, l'affaiblissement du front russe dû aux troubles révolutionnaires et l'impact des possibilités de paix séparée de la Russie.
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