La Marine s’est toujours souciée du sort et de l’éducation des fils des marins morts ou mutilés en service.
Au dix-neuvième siècle, cette préoccupation conduisit à créer l’établissement des pupilles de la marine à Brest par un décret du 15 novembre 1862.
La première implantation de l’établissement des pupilles de la marine fut l'ancien séminaire des Jésuites de Brest (caserne Guépin). Il s’installa ensuite à la Villeneuve en 1882.
Au fil des années, en dépit du rôle social de l’établissement, la marine fut conduite à s’interroger sur le retour qu’il lui procurait en matière de recrutement. Elle constatait en effet que de trop nombreux pupilles n’optaient pas pour une vie active au sein de la marine nationale, alors qu'ils avaient profité d'une éducation dans ses écoles. L’instruction du 21 juin 1923 modifia en conséquence les conditions d’admission à l’établissement. S’il conservait sa vocation sociale, avec une priorité pour les orphelins de père appartenant à la marine, mais aussi à l’armée, l’établissement était d’abord destiné à alimenter les institutions qu’étaient les écoles d’apprentis-marins (ou école des mousses) et de maistrance.
En 1941, l’école des pupilles fut transférée à Saint-Mandrier, en zone libre, puis à Cahors en novembre 1942. De 1945 à 1950, elle s’installa à Plougonvelin. Enfin, Loctudy fut son dernier lieu de garnison, l’établissement fermant ses portes le 1er octobre 1959.
Ces photos nous présentent les conditions d'instruction à Plougonvelin de ces très jeunes marins, qui n'entreraient toujours pas tous dans la profession, en dépit des efforts de la Marine. En plus d'un enseignement scolaire dispensé par des instituteurs, les pupilles y recevaient une éducation physique et les rudiments du métier de marin. D'ailleurs, le décret portant organisation de l'école des pupilles de la marine du 27 septembre 1945 stipulait que celle-ci "a pour mission de donner une éducation virile et un complément d'instruction à des enfants désireux de faire carrière dans l'armée de mer, mais qui n'ont pas encore atteint l'âge d'être admis dans les écoles des mousses (spécialités du pont et spécialités techniques" (comprendre ici l'école des mousses, les écoles des apprentis mécaniciens de la flotte et les écoles de maistrance de la flotte). Notons que ce texte ouvrait par ailleurs l'école à d'autres enfants que les seuls orphelins de père ayant eu une carrière maritime ou dans les armées...
Nul enfant ne pouvait y être maintenu au-delà de l'âge de 16 ans, ce qui explique la jeunesse des garçons des photos ci-dessous. Mais pas tant qu'au dix-neuvième siècle ou qu'au début du vingtième, car le décret du 22 septembre 1947 fixait l'âge d'admission à l'école à au moins 14 ans...
Sur la première, un second maître fusilier présente aux pupilles le mousqueton Berthier modèle 1892 modifié 1916 à lame chargeur de 5 cartouches. La scène se déroule au plus tard en 1947 car les pupilles sont encore vêtus des effets en toile rousse portés par-dessus les effets en drap (en 1947 seront adoptés les effets en toile gris-ardoise, puis en 1948 les effets en toile gris-bleu). Le second maître fusilier de première classe (2 galons) est reconnaissable à son insigne de spécialité (les deux fusils croisés) adopté en 1946.
Les pupilles apprennent également les noeuds en cours de matelotage, dirigé sans doute par un second maître de 2e classe manoeuvrier.
Et les rudiments de la timonerie, ici les signaux à bras, avec un second maître de 2e classe timonier.
Quant à cette dernière photo, qui appartient au même lot, elle semble plus évoquer les scouts marins. Pourtant, le ruban légendé du bonnet ne laisse aucun doute sur l'appartenance aux pupilles de la marine de ce garçon qui aime dessiner.
A sa disparition, l'école des pupilles de la marine fut remplacé par un système de bourses d'études, moins contraignant pour l'institution, mais sans doute moins efficace.
Ces photos sont issues de la collection de l'ECPAD.
Comments