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La présentation de l'armée navale au ministre de la Marine Armand Gauthier en 1914

Grâce aux ressources de la BNF, nous pouvons commenter un épisode intéressant qui se déroule juste avant la guerre.

Armand Gauthier, de son vrai nom Elzéar Gauthier, est un éphémère ministre de la Marine juste avant la Première Guerre mondiale. Il occupe l'hôtel de la Marine dans le premier cabinet Doumergue, du 20 mars au 3 juin 1914, puis de nouveau dans le premier cabinet Viviani, du 13 juin au 3 août 1914, jour de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, date à laquelle il donne sa démission.

Le ministre visite l'escadre lors des manoeuvres de l'armée navale au mois de mai. Après avoir embarqué à Bizerte sur la Vérité de la 2e escadre (parti B), il retrouve le vice-amiral Boué de Lapeyrère, commandant en chef de l'armée navale à bord du Courbet de la 1re escadre (parti A). Les deux escadres sont opposées, la 2e bloquant la 1re à Bizerte, cette dernière doit forcer le passage en combattant. Comme pour toute manoeuvre en présence d'un politique, les ressources budgétaires constituent un enjeu capital. Or la Foudre avec ses premiers aéroplanes est de la partie ; c'est le début de l'emploi opérationnel de ce nouveau moyen dans la fonction d'éclairage. Avant le 3e temps de la manoeuvre auquel le ministre vient assister, Boué de Lapeyrère précise à ses pilotes : "Messieurs, je voudrais des crédits pour l'aviation maritime. Pour cela il faut montrer que vous servez à quelque chose. Demain, quand je vous signalerai d'explorer au large, vous vous arrangerez pour revenir passer au-dessus du Courbet en venant du Nord-Ouest. Vous agiterez au-dessus de nous un petit pavillon qui signifiera "l'ennemi dans le Nord-Ouest". Et nous nous dirigerons vers le Nord-Ouest où nous retrouverons certainement le parti B, puisqu'il y sera par mes ordres." Et les choses se passèrent ainsi ; le ministre, débarqué ensuite à La Nouvelle, demandera les crédits désiré... Cependant, sa période à la tête de l'institution sera de courte durée puisqu'il démissionne le jour de la déclaration de guerre, pour raison de santé... Voir à ce sujet le livre de Poincaré, Comment fut déclarée la guerre de 1914, Flammarion, 1939, page 143. Nous ne savons pas si cette instabilité ministérielle contrecarra les ambitions financières du vice-amiral Boué de Lapeyrère.

Au début des manoeuvres, le ministre s'est fait présenter les commandants de la 1re escadre à bord du Courbet.

Les commandants présentés sont en tenue n°1, telle que définie en 1912 : redingote, épaulettes, casquette, sabre, ceinturon en soie noire. La tenue du commandant en chef comporte quant à elle l'épée et le ceinturon porte-épée soie et or.

Nous notons sur cette deuxième photo que tous les commandants ne portent pas le sabre de la même manière. Existait-il une manière réglementaire ? C'est un sujet que nous devrons explorer.

Enfin, sur cette dernière photo, nous pouvons constater que le ministre, mais aussi le commandant en chef sont accompagnés de plusieurs officiers de leurs cabinet et état-major, reconnaissables au port de l'aiguillette sur l'épaule droite. La légende du cliché indique que le ministre félicite un quartier-maître du Renaudin. Ce bâtiment est un contre-torpilleur de 800 tonnes, mis en service en 1913 ; il périra torpillé par un sous-marin autrichien en 1916.

Le capitaine de vaisseau moustachu de gauche à la coiffe bleue est le sous-chef de cabinet du ministre ; il s'agit de Charles Henri Daumesnil ; il terminera sa carrière en 1926 comme vice-amiral commandant en chef l'escadre de la Méditerranée.

Les officiers du cabinet du ministre, outre l'aiguillette, portent le pantalon à bande or avec la redingote. Quel que soit leur grade, il ont pour arme l'épée, à la place du sabre, suspendue à un ceinturon porte-épée soie et or. Le ministre est ici accompagné de deux officiers, reconnaissables à la coiffe bleue de leurs casquettes.

Un peu plus de deux mois plus tard, la guerre sera déclarée.

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1 comentario


francois.schwerer
02 feb 2023

Le docteur Armand Gauthier, qui fin juillet ne croyait toujours pas à la guerre, était encore plus préoccupé par l'état de ses vignes audoises que par sa santé personnelle. Le docteur Victor Augagneur qui lui succéda était, quant à lui, tellement persuadé que la guerre serait de très courte durée qu'il rendit à son collègue du budget les sommes allouées pour le développement de l'aéronautique navale puisqu'elles ne pourraient avoir aucune utilité à très brève échéance. Il faudra attendre 1915 pour que tout ceci ne change.

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