Ces clichés ont été pris le 21 septembre 1916. Ils font partie du fonds de l'ECPAD. Ils nous présentent en plein travail des matelots appartenant à des métiers particuliers embarqués sur le cuirassé France.
Voici tout d'abord des tailleurs. C'est à la fois une spécialité ouvrière et un certificat.
Le décret du 5 juin 1894 avait précisé que les tailleurs étaient recrutés parmi les apprentis-marins et les matelots reconnus susceptibles d’être employés en cette qualité. Détenteur du certificat de tailleur, l’apprenti-marin ou le matelot de 3e classe était aussitôt promu à la 2e classe. Ces emplois au bas de l’échelle furent maintenus jusqu’au 17 juillet 1908, date à partir de laquelle tailleur devint une spécialité professionnelle, qui resta un peu en marge et pour laquelle la marine peina à stabiliser les effectifs. Aussi, le décret du 4 mars 1912 ouvrit la spécialité de tailleur aux matelots et aux quartiers-maîtres après l’avoir fermée quatre ans plus tôt. Parallèlement, les emplois de second maître tailleur furent supprimés, mais ils finirent par être rétablis au sein des dépôts des équipages de la flotte, avec le statut de commissionné, à partir du 15 juillet 1914. A bord des navires, point de second maître tailleur, donc.
Voici les forgerons embarqués à bord du cuirassé, ou plus exactement les armuriers, héritiers des armuriers-forgerons.
Jusqu'en 1856, les armuriers étaient des personnels civils embarqués. Ils eurent ensuite un statut particulier les plaçant entre les marins et les artilleurs de marine. Il fut mis fin à ce particularisme le 4 mars 1912 ; ils furent alors brièvement intégrés dans le corps des équipages de la flotte. Cependant, dès le 31 décembre 1913, le corps militaire des armuriers de la marine fut recréé, avec les grades courants de matelot armurier, quartier-maître armurier, second maître armurier, maître armurier et premier maître armurier de 1re et de 2e classe. C'est dans cette situation que la spécialité entra en guerre en 1914.
Nous pouvons noter la disparité des tenues de ces marins en tenue de travail. Certains sont en pantalon et vareuse en toile rousse. D'autres sont en vêtements de chauffe (avec calot parfois) ; ce sont sans doute des mécaniciens ou des chauffeurs qui attendent la fabrication d'une pièce permettant de réparer un organe de la machine. Les vêtements de chauffe comportent depuis 1892 un pantalon et un veston en toile bleue. Ce veston est remplacé en 1913 par une vareuse. Mais manifestement, le stock de vestons, dont il existe des modèles à coupe croisée et des modèles à coupe droite, n'est pas épuisé en 1916 car des matelots et quartiers-maîtres les portent encore ici...
Et voici enfin, un coiffeur. Ce n'était pas une spécialité, mais un certificat, souvent attribué à des fusiliers ou à des clairons après une formation complémentaire. Rappelons que la spécialité de clairon existait depuis 1836 et qu'elle finit par supplanter celle de tambour.
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