Réalisés par le médecin général inspecteur Jean Bladé, qui a été directeur central du service de santé des armées, six dessins présentent a priori un intéressant panorama des uniformes revêtus par les officiers de santé de la marine de l'origine, à la fin de l'Ancien Régime, jusqu'à nos jours. Nous n'avons retenus que les cinq premiers dessins, de 1770 à 1918. Apparemment de qualité, ces dessins ou leurs titres comportent toutefois quelques anomalies que nous allons indiquer ci-dessous.
Le premier dessin représente un premier médecin, qui se distingue par son galon simple sur les bords de l'habit et de la veste . Si l'aspect général de cet officier paraît conforme, avec un habit gris d'épine, plusieurs éléments ne conviennent pas : l'habit est normalement à revers ; le col devrait être droit et non rabattu ; il devrait y avoir un double galon sur les manches et les poches ; ces dernières devraient être horizontales et non verticales.
Le deuxième nous montre en principe un médecin de 1re classe, reconnaissable au collet et aux parements en velours noir, le reste de l'habit étant en drap bleu barbeau, drap légèrement éclairci par un huitième de blanc mélangé au bleu. Mais pourquoi avoir dessiné des revers, alors que depuis prairial an XII l'habit est à coupe droite sans revers ? A moins qu'il s'agisse d'un médecin selon l'arrêté de l'an VIII (1800, et non 1804), probablement alors un second médecin en chef avec ses sept boutonnières au revers...
Pour ces deux premiers dessins, consulter naturellement notre dernier ouvrage sur "Les marins français. 1789 – 1830. Corps social et uniformes", toujours en vente sur https://www.marins-traditions.fr/les-uniformes-des-officiers-de-la-marine-1830-1940-copy
Un pharmacien de la marine sous la 2e République est le sujet du troisième dessin. Il est en habit de ville qui ne comporte que les galons du grade au-dessus des parements, à défaut de broderies réservées à l'habit de grande tenue. Cette représentation est bonne. On peut juste trouver que les parements vert foncé sont plus larges qu'ils ne l'étaient à l'époque et jusqu'au début de la 3e République.
Le médecin général de 1868 du quatrième dessin présente deux anomalies, sans parler du caractère peu précis des broderies de parement et du défaut de l'appellation : le grade de médecin général n'apparaît pour la première fois qu'en 1907 ; avant, il n'existe que des directeur du service de santé et un inspecteur général. La première anomalie concerne la dragonne de son épée : pourquoi avoir adopté un gland à franges de filé, réservé aux officiers subalternes ? La deuxième se rapporte au galon du chapeau bicorne à plumes noires : ce n'est qu'en 1902 que le bicorne des hauts-fonctionnaires s'orne d'un galon or ; avant cette date, le galon présente le même motif mais est noir.
Enfin, le dernier dessin représente un médecin principal à la fin de la Première Guerre mondiale. Il est en tenue n°2 qui comporte la redingote et la casquette, sans les épaulettes. Ce dessin est fidèle aux prescriptions réglementaires.
Ces dessins montrent que certains officiers ou illustrateurs peuvent avoir un réel talent d'illustrateur, mais qu'ils sont toujours dépendants de leurs sources pour les sujets qui ne leur sont pas contemporains.
Pour ces trois derniers dessins, voir notre premier ouvrage "Les uniformes des officiers de la marine. 1789 – 1830".
Au bilan une analyse des textes est utile pour représenter fidèlement un uniforme ; une inspiration à partir des portraits d'époque s'avère indispensable, mais encore faut-il en trouver ! Ce n'est pas toujours facile...
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