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Un marin sergent fourrier lors du siège de Paris

Voici deux photos aimablement communiquées par M. Frédéric Cappeau. Elles présentent un de ses ancêtres marin ayant combattu au cours du siège de Paris. Les clichés ont été pris chez Osbert, au 67 rue de Rivoli. Il s'agit du matelot Louis Chambon.

Louis Chambon, né en 1838 à Roquemaure dans le Gard, était un marin inscrit maritime à Marseille (matricule MAR. 690).

Avant de participer à la défense de la capitale en 1870, son parcours est intéressant ; il mérite d'être décrit car il montre comment les inscrits pouvaient alors servir dans la Marine impériale, à plusieurs reprises à leur demande ou pas.

Son premier embarquement date de janvier 1857 sur la bombarde Cyclope, embarquement d'attente sur ce bâtiment qui allait être désarmé, avant de poser son sac sur l'aviso Éclaireur. Il servit alors pendant 40 mois et fut congédié avec un certificat de bonne conduite.

L'intéressé aurait sans doute pu s'arrêter là, mais il fut à nouveau levé en août 1860 (avec une prime de réadmission, ce qui suggère qu'il le fut à sa demande). Gabier, il enchaîna alors les embarquements – frégate à roue Eldorado, transports à hélice Dryade, Rhin, et Meurthe, vaisseau de 80 canons Duperré, transport Européen – avant un nouveau congédiement en juillet 1864 (nouveau certificat de bonne conduite), et une nouvelle levée en octobre (nouvelle prime de réadmission). Au cours de cette période, il fit une campagne en Cochinchine, faisant partie du corps de débarquement mis à terre par l'Européen. Le 1er janvier 1864, il avait été promu caporal fourrier, ce qui lui valut le galon or porté en haut des manches, insigne du fourrier.

En 1865, il servit à bord du vaisseau transformé Navarin. Son relevé de services indique qu'il fut congédié définitivement en octobre 1867, mais c'était sans compter sur la demande de l'intéressé d'une réadmission au sein de la division des marins (le dépôt des équipages) de Toulon. Suivirent de nouveaux embarquements : corvette cuirassée Thétis, frégate mixte Clorinde, transports à hélice Jura et Entreprenante. Sur tous ces bâtiments, il occupa des fonctions temporaires, ce qui montre sa grande adaptabilité, timonier, vaguemestre, instituteur, avant de faire fonction de sergent d'armes et même de capitaine d'armes sur le Navarin.

Il fut promu sergent fourrier le 24 juillet 1870 – un prochain billet évoquera cette spécialité et notamment sa hiérarchie particulière –, alors que la guerre contre la Confédération de l'Allemagne du Nord avait été déclarée cinq jours plus tôt.

Le 9 août 1870, la Marine s'organisait pour l'envoi de marins destiné à défendre Paris, en particulier de trois bataillons provenant de Toulon ; il fut alors affecté comme tous ces marins à bord du Louis XIV, vaisseau à trois ponts accueillant l'école de canonnage, cette unité étant le support administratif de la division des marins détachés qui allait être placée sous le commandement du vice-amiral de La Roncière-Le Noury. Plus précisément Chambon faisait partie de l'annexe n°12, soit le 2e bataillon de Toulon, qui arriva dans la capitale dans la nuit du 16 au 17 août, ne fut pas affecté à un des forts sous la responsabilité de la Marine, mais fit partie des troupes d'intervention lors des différentes offensives destinées à desserrer l'étau des Allemands.

Le sergent fourrier Chambon pose fièrement chez le photographe. Certains lecteurs diront "mais il est en tenue de matelot". Nous leur répondrons que c'est tout à fait normal : à l'époque, en tenue de travail, rien, mis à part le galon or à lézarde au bas des manches, ne distingue les seconds maîtres (et les sergents fourriers qui leur sont assimilés) des quartiers-maîtres et des matelots. Armé d'un Chassepot et de sa baïonnette, ce sergent fourrier se distingue sans doute de ses subalternes par le port de bottes, en rien réglementaires.

Les photos montrent l'aspect plutôt informe du bonnet avant 1872 et le système de fermeture de la chemise, avec des liettes blanches.

Louis Chambon décéda le 17 février 1871 à l'hôpital du Gros-Caillou (7e arrondissement de Paris) des suites d'une bronchite chronique, alors qu'il avait dû connaître bien d'autres périls au cours des quatre mois et demi de siège...

Son nom apparaît sur la plaque gravée dans la mairie de Roquemaure en l'honneur des marins et soldats morts pour la France en 1870 – 1871.

Les marins héros de la guerre de 1870-71 seront à retrouver dans notre prochain ouvrage !

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