Un second maître sous le Second Empire ?
- marine-maubec
- 30 nov. 2024
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Voici une photo remarquable de BNF / Gallica, remarquable car il n'est pas si fréquent de pouvoir examiner de près un second maître en grande tenue définie par l'arrêté ministériel du 27 mars 1858.
Rappelons qu'à l'époque les seconds maîtres étaient pratiquement vêtus comme les quartiers-maîtres et matelots (autre bizarrerie pour les observateurs de 2024, qui explique en partie cette pratique vestimentaire, les quartiers-maîtres étaient considérés comme des officiers mariniers sous le Premier Empire).

A vrai dire, il ne s'agit pas d'un second maître, mais d'un sergent fourrier. L'appartenance à cette spécialité se déduit du galon oblique à lézarde en haut des deux bras. Cette spécialité conserva sa hiérarchie propre jusqu'en 1883 ; après cette année, ce marin serait vraiment second maître.
Ce sergent fourrier est un vétéran de la guerre dite "de Crimée" (port de la médaille de la Baltique, a priori compte tenu du ruban plus clair au centre, instituée le 6 juin 1856 par la Reine Victoria) et de la guerre d'Italie de 1859 (médaille commémorative de la campagne d'Italie instituée le 11 août 1859 par l'Empereur Napoléon III – on en perçoit légèrement les rayures du ruban).
Voici ci-dessous, à gauche (dessiné par Goichon) et au centre, un matelot et à droite un quartier-maître (deux galons sur les manches) dans la même tenue, la "grande".
Cette tenue se compose d'un chapeau en feutre verni dont la forme est bien typique du Second Empire, avec des bords très relevés, un peu disgracieux. Les clichés montrent que Goichon n'a pas exagéré lorsqu'il a dessiné son matelot avant 1870.
Le pantalon à pont était de rigueur, de même que le paletot en laine, trop vite abandonné de notre point de vue pour la seule chemise en molleton (aujourd(hui vareuse). En 1874, le ministre trouva le paletot trop onéreux et donc le supprima, alors que toutes les grandes marines européennes allaient le conserver pour certaines jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale.
Sous le paletot, porté fermé ou maintenu entrouvert avec deux boutons reliés entre eux (non prévus par le règlement ; notons que le dispositif ressemble beaucoup à celui qui ferme le spencer de la tenue de soirée actuelle des officiers) étaient portées la chemise blanche au col bleu alors attenant (le col bleu amovible réglementaire n'apparut qu'en 1911) et la chemise en coton tricoté (le "rayé").
Voici ci-dessous quelques vues bien postérieures de marins étrangers en paletot : à gauche, des matelots allemands en 1914 (photo Soldaademohler) ; à droite un matelot anglais avant 1890, année de la suppression de la blue jacket (photo trouvée sur Internet) ; au centre un matelot français vers 1910, sous-marinier comme l'indique l'insigne sur le haut de la manche gauche. Le paletot donnait incontestablement une certaine classe aux marins de base...
Chez les Allemands, le paletot fut même conservé jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale...
La marine française serait-elle historiquement en pointe en matière d'économie sur les uniformes ?
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