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Les officiers de marine

De l'Ancien Régime à nos jours

Articles sur les officiers de marine

Des données sur la hiérarchie et sur l'histoire des grades des officiers de vaisseau, appelés depuis le XIXe siècle "officiers de marine", des officiers que tout destine à commander à la mer, sur terre et dans les airs.

Une large part laissée aux illustrateurs et aux photographes pour rendre compte des évolutions de leur uniforme : il suffit de cliquer ci-dessous sur le texte pour voir apparaître le tableau de l'évolution des grades ou sur les illustrations pour en savoir plus sur chacun des grades et de ses uniformes.

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Toute carrière militaire présente deux phases distinctes. Dans la première, on obéit à l’impulsion d’autrui, dans la seconde, il faut prendre conseil de soi-même. Où la responsabilité commence, le zèle ne peut plus suffire. Si l’esprit fléchit sous ce fardeau, il faut se résigner aux rôles subalternes. Dans la marine, on subit cette épreuve plus tôt que dans l’armée de terre, où souvent on parvient à des grades très élevés, sans y avoir été exposé jamais. Le moindre commandement maritime investit un jeune officier d’une responsabilité presque aussi haute, tout aussi lourde au moins que celle qui incombe à un commandant d’escadre. Rien de pareil n’attend le commandant d’une compagnie, ni même le commandant d’un bataillon. L’officier de marine, quelque chétif que soit le navire qu’il monte, est comptable d’une portion de l’honneur du pays. Le pont de son bâtiment, c’est le territoire national. Il emporte avec lui la Patrie et les droits du souverain. Il jouit d’une autorité sans bornes et sans partage, mais il ne peut partager non plus avec qui que ce soit sa responsabilité. A tous les incidents, c’est lui qui doit répondre. Qu’un brisant se montre soudain sous la proue, que le navire se couche sous une rafale imprévue, que la mâture se brise, qu’une voie d’eau ou un incendie se déclare, qu’une division ennemie apparaisse à l’horizon, c’est vers lui à l’instant que tous les yeux se tournent. Il est prévenu, qu’il avise ! Il semble que ces graves événements le concernent seul, et qu’il ne doive plus rencontrer dans ses officiers ou son équipage que les instruments passifs de sa décision. Cette décision même, il faut qu’il la prenne pour ainsi dire d’instinct. On l’éveille en sursaut, le danger est pressant ; ses ordres doivent avoir la rapidité de l’éclair sous peine d’arriver trop tard. De combien de marins cet état perpétuel d’appréhensions et d’angoisses n’a-t-il pas détruit le sommeil ! Le criminel bourrelé de remords trouve un oreiller plus paisible que l’officier de marine qui, n’étant pas né pour le périlleux honneur du commandement, ose en affronter les redoutables chances. C’est donc à ce point de sa carrière qu’un officier d’avenir se dessine ; c’est alors seulement qu’on peut juger si l’écolier est fait pour devenir maître à son tour.

Contre-amiral Jurien de la Gravière, Souvenirs d’un amiral. Tome 1, Librairie de L. Hachette et Cie, 1860, page 317

Plus de 200 ans après le premier commandement de Jurien de la Gravière, la description de cette responsabilité reste d'une grande pertinence...

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