1900. La catastrophe du torpilleur Framée
- marine-maubec
- 7 oct.
- 3 min de lecture
Cette photo, issue du magazine Armée et Marine n° 35 du 2 septembre 1900, nous présente les survivants de la catastrophe du torpilleur Framée – la framée était la lance traditionnelle utilisée par les guerriers francs – survenue dans la nuit du 10 au 11 août 1900.
La Framée était un contre-torpilleur, premier de son type, admis au service actif quelques mois avant sa collision avec le cuirassé Brennus au large du cap Saint-Vincent, laquelle occasionna la disparition de 48 marins sur les 61 de son équipage. C'était un bâtiment moderne de 320 tonnes et 58 mètres de long, capable d'une vitesse de 26,9 noeuds comme il l'avait montré lors de ses récents essais. Il était armé d'un canon de 65 mm, de six canons de 47 mm et de deux tubes lance-torpilles.
Il était commandé par le lieutenant de vaisseau Henri Hippolyte Marie Joseph de Mauduit-Duplessix, né le 26 avril 1862, entré dans la Marine en 1878 et promu lieutenant de vaisseau le 18 avril 1888 (source : Annuaire de la Marine pour 1900) – à l'époque, il n'était pas rare de rester à ce grade une quinzaine d'années avant d'être promu capitaine de frégate, car celui de capitaine de corvette ne fut rétabli que le 16 juin 1917.
Comment survint cette catastrophe ? Apparemment, il s'agit d'une mauvaise exécution d'un ordre de barre du commandant qui, au lieu d'éviter le Brennus, dont la Framée s'était approchée pour faciliter la transmission des ordres par moyen lumineux, précipita le contre-torpilleur à grande vitesse sur le Brennus, vaisseau-amiral et tête de la ligne de file des bâtiments de ligne de l'escadre, les bâtiments légers étant en ligne de file à bâbord de celle-ci.
Les 13 survivants de la catastrophe sont ici rassemblés autour du plus ancien d'entre eux, un second maître fourrier reconnaissable à son galon à lézarde sur le haut de chaque manche.

Voici le commandant, le lieutenant de vaisseau de Mauduit-Duplessix. Il est dans la tenue n°3 définie en 1891, avec casquette, redingote et épaulettes.
Il fut à l'époque considéré comme un héros car, alors qu'une embarcation du Brennus avait été mise à l'eau pour sauver les marins de la Framée, Mauduit-Duplessix refusa d'y embarquer tant que l'ensemble de ses hommes n'avaient pas été sauvés du naufrage. Mais ils n'en eurent pas le temps et le commandant sombra avec son bâtiment.

La presse rendit compte de cet événement qui émut les Français.

Ci-dessous, le supplément illustré du Petit Journal du 10 septembre 1900 montre un matelot du Brennus tentant de porter secours à l'équipage du contre-torpilleur en train de sombrer, secours que refuse le commandant pour lui-même.

Le 20 août eut lieu à bord du Brennus le service funèbre à la mémoire des victimes.
Le rapport d'enquête conclut : "En résumé, la Commission est unanime à déclarer que l'abordage, dont la faute ne saurait être imputée à personne, a été la triste conséquence d'un concours de circonstances que l'enquête, en l'absence des témoins les plus qualifiés, n'est pas à même de déterminer.
Les constatations faites à l'occasion de ce triste événement fournissent à la Commission d'enquête l'occasion de manifester le regret souvent exprimé qu'il n'ait été pris sur les bâtiments du modèle de la Framée aucune disposition permettant au commandant ou à l'officier de quart de contrôler l'exécution de leurs ordres par l'homme de barre, qui se trouve placé hors de leur vue." Un problème sur ces bâtiments exigus où l'officier de quart était particulièrement exposé... et une conclusion dont ne se satisferait pas une commission d'enquête de nos jours.



Commentaires