1943. Le croiseur léger Le Terrible récompensé
- marine-maubec
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Ces photos de l'ECPAD nous invite à revenir sur le destin particulier du contre-torpilleur, puis croiseur léger, Le Terrible et de son équipage, et notamment sur sa participation à la libération de la Corse. Le général d'armée Henri Giraud, alors commandant en chef, décore ici de la Croix de guerre le fanion du Terrible, tenu par le capitaine de frégate Pierre Lancelot, son commandant.
Le 3 juillet 1940, Le Terrible était parvenu à s'échapper de Mers el-Kébir, comme le cuirassé Strasbourg qu'il avait escorté jusqu'à Toulon, avec d'autres bâtiments légers.
En 1941, il avait rallié Dakar et fut dès lors en mesure, à partir de la fin de 1942, après le débarquement allié en Afrique du Nord, d'opérer contre les forces de l'Axe. Pour ce faire, il dut cependant subir en même temps que Le Fantasque une mise à niveau de ses équipements et armements : installation de radars et d'un ASDIC, remplacement de ses pièces d'artillerie anti-aérienne d'origine par des canons de 40 et de 20 mm et adjonction de mortiers lance-grenades contre les sous-marins. Le 14 août 1943, devenu croiseur léger, il était de retour en Afrique du Nord, prêt à participer aux opérations des Alliés.
En septembre 1943, Le Terrible participa à l'opération Avalanche de débarquement allié en Italie à Salerne. Le Terrible et Le Fantasque allaient juste après participer à la libération de la Corse, emmenant d'Alger à Ajaccio 800 hommes du bataillon d'assaut une première nuit ; Le Terrible réitéra cet exploit les sept nuits qui suivirent, sous la menace des sous-marins allemands.

Ci-dessous, le capitaine de frégate Pierre Lancelot écoute la lecture de la citation à l'ordre de l'armée de mer obtenue par le Terrible le 2 novembre 1943. Avant cette lecture, le ban est ouvert au clairon – noter le galon de fonction au bas des manches du quartier-maître de 2e classe, mais aussi l'insigne sur le haut de la manche gauche, qui pourrait être une grenade entourée d'un cercle en soie écarlate de titulaire du certificat de mitrailleur – et la garde commandée par un enseigne de vaisseau présente les armes.

Le fanion de l'unité est porté fièrement par un second maître de 1re classe (2 galons à lézardes). Alors que la Marine n'a pas encore généralisé l'adoption d'insignes de spécialités, pourtant courante dans les marines britanniques et allemandes depuis quelques décennies – elle ne franchirait le pas que le 22 juin 1946 – cet officier marinier porte deux des insignes jusqu'alors en vigueur, et c'est sans doute la raison pour laquelle il fut choisi comme porte-fanion : étoile brodée or ou argent, qui signe sa performance en tant que pointeur, insigne en or d'opticien-télémétriste, une spécialité créée le 24 juin 1936 à partir de la population des canonniers ayant obtenu le certificat de télémétriste.

Il est intéressant de constater que les Croix de guerre épinglées sur les poitrine des marins mais aussi sur le fanion – il y en a deux, ce qui n'est pas courant, mais marque l'attribution d'une citation antérieure au cours du conflit – sont du modèle qui avait été institué par Vichy le 23 mars 1941 avec un ruban vert rayé de noir et non, semble-t-il, la Croix de guerre dont la création est attribuée au général Giraud sur laquelle sur l'avers l'effigie de la République était remplacée par deux drapeaux croisés. Le présent modèle de croix de guerre ne pourrait plus être porté à partir du 7 janvier 1944, une ordonnance signé du général de Gaulle rendant seule réglementaire la croix de 1939 avec ruban rouge et vert.
Le général Giraud, commandant en chef civil et militaire, passa en revue l'équipage du Terrible, saluant les officiers de l'état-major. Parmi ces derniers, se trouvait un officier de liaison de la Royal Navy. Le général Giraud était accompagné du contre-amiral André Georges Lemonnier, chef d'état-major de la Marine depuis juillet 1943, après avoir commandé les forces maritimes d'Afrique, et d'un général de brigade aérienne que nous ne sommes pas parvenu à identifier.

A la fin de la guerre, après de nombreuses opérations en Méditerranée orientale et occidentale, en Adriatique et en Atlantique, et la participation au débarquement de Provence, Le Terrible avait acquis trois citations à l'ordre de l'armée, ce qui autorisa son équipage à arborer la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918 avec l'olive aux couleurs de la Croix de guerre 1939-1945 (décision du 23 août 1946).
L'un de nos lecteurs saura-t-il à quels faits d'armes correspondent exactement ces trois citations et quel est leur libellé exact – nous ne l'avons pas trouvé... –, pour une publication en complément de ce billet ?
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