1964. Quand les marins défilaient en unité constituée à Strasbourg
- marine-maubec
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Cette photo a été prise le 22 novembre 1964, lors de la venue du général de Gaulle à Strasbourg. Un détachement de marins y défila. Les plus jeunes de nos lecteurs se diront sans doute : des marins à Strasbourg, mais que faisaient-ils là ? Il se trouve qu'à l'époque existait encore une unité de la Marine particulière non loin de Strasbourg à Kehl, de l'autre côté du Rhin.
Ce bloc de marins est composé en tête de seconds maîtres armés du pistolet-mitrailleur MAT 49. Dans ce premier rang, on distingue des manoeuvriers, un électricien, un secrétaire militaire, un fusilier... certains seconds maîtres de 2e classe (un galon à lézarde), d'autres de 1re (deux galons à lézarde). Ils sont en tenue n°2 (arrêté n°82 du 2 août 1957) avec guêtres et gants à crispin blancs et ceinturon fauve.
Les rangs suivants sont composés de quartiers-maîtres et matelots portant à l'épaule le fusil MAS 49-56, en tenue n°42 avec les mêmes complétifs que les seconds maîtres. Les bonnets portent le ruban légendé MARINE RHIN.
Cette photo nous invite donc à évoquer les Forces maritimes françaises du Rhin et leur composition en 1955, date à laquelle nous disposons d'une documentation à leur sujet, grâce à un ancien de cette unité que nous remercions.

Nous ne remonterons pas dans ce billet jusqu'à la participation des marins à la défense de la cité alsacienne lors de son siège par les Allemands en 1870 ; ce sera l'objet d'un chapitre de notre prochain livre sur La Marine et les marins dans la guerre de 1870 ( https://www.marins-traditions.fr/ouvrages-de-l-auteur ), ni jusqu'à la flottille du Rhin qui fut commandée de 1919 à 1920 par un jeune capitaine de corvette ambitieux qui ferait parler de lui, François Darlan.
Créées le 3 avril 1945, les Forces maritimes françaises du Rhin avaient pour mission d’affirmer l’action et la présence de la Marine sur les voies navigables des zones d’occupation françaises en coordination avec l’Alsace, dans un but éventuellement militaire, et en liaison avec un certain nombre d’autorités dont la Commission Française du Rhin et le Service des Travaux Publics et des Transports pour le rétablissement du trafic rhénan français, de représenter la Marine dans les commissions relatives à la navigation du Rhin, d’assurer la police et la sécurité du fleuve et des plans d’eau dans la zone d’occupation et de faciliter la coordination de l’activité des organismes.
Dans le cadre du statut d’occupation du 21 septembre 1949, le général commandant en chef des Forces Françaises en Allemagne rendit aux autorités allemandes la police et le contrôle de la Navigation sur le Rhin. Dès lors, à partir de cette époque les missions des Forces maritimes du Rhin – nouveau nom de la formation – prirent un caractère strictement militaire, en fonction de la mission de soutien des troupes d’occupation en Allemagne et dans le cadre de l'OTAN.
En 1955, les forces maritimes françaises du Rhin étaient placées sous le commandement supérieur du vice-amiral d'escadre Robert Jaujard, amiral centre Europe au sein de l'OTAN, et du général de corps d'armée Noiret, commandant les Forces françaises en Allemagne.
En quelques années, sous l'impulsion de l'ingénieur général du génie maritime Launois, dirigeant la Commission technique permanente de la Marine en Allemagne, une très importante flottille s'était constituée. Elles comprenaient près de 100 bâtiments totalisant 10 000 tonnes, allant de la vedette aux chalands plus ou moins armés permettant le transbordement des chars de l'Armée, en passant par les remorqueurs, divers bâtiments de servitude et un monitor léger profitant de la caisse et de la tourelle d'un char Sherman...
Voici ci-dessous le VAE Jaujard et le GCA Noiret lors d'une revue des bâtiments des Forces. Celles-ci étaient composées de plusieurs flottilles, dont celle du Rhin Nord, commandée alors par le capitaine de frégate Philippe Taillez, l'un des trois "Mousquemers".
Les Forces maritimes du Rhin furent dissoutes le 28 octobre 1966. Les moyens nautiques résiduels furent alors transférés au 33e régiment du Génie.
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