1861. Souvenirs de Jérusalem par le contre-amiral Pâris
- marine-maubec
- 6 mai
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A récemment été vendu aux enchères un magnifique recueil de lithographies réalisées par François-Edmond Pâris, alors contre-amiral, à l'occasion d'une escale en Terre Sainte de la troisième division de l'escadre de la Méditerranée qu'il commandait. Cette division avait été envoyée sur les côtes de Syrie pour « pour tâcher de rendre à cette population maronite la confiance que le départ de nos troupes aura fait perdre » au moment du
rapatriement du corps expéditionnaire du général de Beaufort d’Hautpoul en mai 1861. L'année précédente, ce corps expéditionnaire avait été envoyé par Napoléon III à la suite du massacre de chrétiens. Il avait débarqué à Beyrouth le 16 août 1860.
Pâris nous montre une fois de plus son talent en présentant dans cet album la visite des lieux saints par les marins de sa division, souvent très respectueux, parfois cédant au folklore local, comme sur cette vue où nombre d'entre eux s'amusent à cheval ou paraissent marchander avec des autochtones.

Les autres dessins représentent d'une part des officiers et d'autre part du personnel équipage.
Pour les officiers, on retiendra les planches ci-dessous. Elles présentent des détails intéressants sur le plan de l'uniformologie.
La première nous présente des officiers en petite tenue, en redingote et casquette. L'un porte des épaulettes, l'autre non, et ce n'est pas une anomalie, mais une différence tout à fait réglementaire. En effet, le décret du 29 janvier 1853 indique que les officiers faisant partie de l'état-major d'un officier général portent les épaulettes, alors que les autres n'en portent pas ; d'ailleurs les brides d'épaulette de ces derniers étaient alors cousues sur toute leur longueur. Nous sommes ici en présence d'un officier de l'état-major de la division de l'amiral Pâris et d'un officier relevant d'un des bâtiments de la division. Cette différence, qui tient en partie au fait que les épaulettes étaient nécessaires pour les amiraux en redingote car ils ne portaient pas les étoiles sur les manches en 1853, fut supprimée le 25 février 1876.
La seconde planche présente deux officiers en petit uniforme (donc non brodé), avec casquette et habit, porté totalement ouvert sur le gilet blanc ou fermé avec col ouvert et rabattu. Le décret de janvier 1853 n'est pas très clair sur ce point, mais il semble qu'en dépit du port des épaulettes, qui étaient suffisantes pour indiquer le grade, les galons devaient également figurer sur les manches de l'habit de petit uniforme (ce n'était pas le cas sous la Deuxième République conformément à l'arrêté du 1er décembre 1848).
Pour l'équipage, nous avons retenu celle ci-dessous. On y voit deux matelots et, au premier plan, un second maître reconnaissable à son galon or sur la seule manche visible. En haut de celle-ci figurent deux chevrons d'ancienneté correspondant à 14 années de service dans la Marine.
Rappelons que l'arrêté ministériel du 27 mars 1858 donnait la même grande tenue aux matelots, quartiers-maîtres et seconds maîtres : ici chapeau de paille orné d'un ruban légendé, chemise blanche à col bleu fermée par une cravate noire, pantalon de toile blanche et court paletot très élégant.

Enfin, pour les officiers et l'équipage ensemble, les suivantes :
Une délégation d'officiers et des équipages des bâtiments de la division navale (puisque les officiers ne portent pas d'épaulettes sur la redingote) visite la chapelle du Saint-Sépulcre.
Une autre suit les indications d'un religieux maronite dans la chapelle Sainte-Hélène. On notera que si les officiers paraissent armés – le sabre était en effet partie intégrante du petit uniforme – les matelots le sont aussi du sabre d'abordage 1833, ce qui est moins courant dans un édifice religieux. Sans doute fallait-il pouvoir éventuellement se défendre lors des descentes à terre (voir la première planche également).
Au sujet de l'amiral Pâris, on relira le billet que nous lui avions consacré il y a quelque temps : https://www.marins-traditions.fr/post/le-vice-amiral-pâris-conservateur-du-musée-de-la-marine-de-1871-à-1893
Preuve de l'intérêt suscité par l'oeuvre de Pâris, ce recueil de souvenirs largement illustré de superbes lithographies a été adjugé 1 100 € hors frais.
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