1901 – 1907. Un officier de marine à la Belle Époque
- marine-maubec
- 26 août
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Grâce aux clichés fournis par notre confrère de La Sabretache Eric Vicaire, nous pouvons revenir sur la vie de son arrière-grand-père Valentin Rageot de la Touche, officier de marine au début du XXe siècle. Nous l'avions quitté il y a quelques semaines, alors qu'en 1892 il suivait une formation à l'aérostation à Meudon...
Comme nous allons le voir, à cette époque, il était très courant qu'un officier de marine soit instruit sur plusieurs spécialités. Sur les spécialités d'officiers, certes plus tard, en 1920, il est possible de relire https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_6d4c829b7b59415a9c9569d536b7f6b2.pdf
Ainsi, il fut breveté officier torpilleur en 1893 à bord du vaisseau école Algésiras, alors qu'il avait été formé aux canons sur La Couronne en 1888, et embarqua en 1894 comme officier torpilleur à bord du cuirassé d’escadre Brennus basé à Lorient dont il suivit l’armement pour les installation torpilles, mais aussi l'électricité. En effet, à l'époque les torpilleurs étaient aussi électriciens – cette spécialité n'existait pas encore et ne serait créée pour l'équipage qu'en 1912. Au début de l'emploi des torpilles, ou plutôt des mines sous-marines pour reprendre la nomenclature contemporaine, l'utilisation de l'électricité allait de pair pour déclencher l'explosion.
Après un passage à la Majorité générale de Toulon (1896-1897), il embarqua comme officier canonnier à bord du cuirassé d’escadre Le Formidable. Suivit le commandement de l’aviso à roues Jouffroy à la station locale de la Guyane de 1898 à 1900.
A l'issue, toujours lieutenant de vaisseau, il embarqua à bord du croiseur cuirassé Chanzy comme officier canonnier ; ce bâtiment faisait partie de l’escadre de la Méditerranée.
C'est sur ce dernier bâtiment que nous le retrouvons en 1901, au premier rang, deuxième en partant de la droite, aux côtés de son commandant, le capitaine de vaisseau Frédéric Émile Richard-Foy qui est au centre de la photo ci-dessous...
Tous ces officiers sont en tenue n°1 portée à l'époque lors des solennités, des cérémonies et réceptions officielles (elle faisait office de tenue de soirée) et des inspections générales. Elle était composée de l'habit brodé avec épaulettes ou pattes mobiles brodées, du chapeau monté (bicorne), du pantalon à bande or et du ceinturon bleu et or pour porter l'arme blanche.
Sur ce cliché, il est intéressant de constater la présence, au sein de l'état-major du croiseur cuirassé, d'officiers de marine, d'officiers mécaniciens (en particulier à gauche et à droite) reconnaissables à l'époque à leurs broderies au motif de baguettes étalinguées – reconnus "corps combattant" le 5 juin 1900 et ayant à ce titre droit au port du sabre à la place de l'épée et des épaulettes à la place des pattes mobiles –, et probablement d'un commissaire en haut à droite, porteur de ces pattes mobiles brodées – c'est en 1902 que la quasi-totalité des corps assimilés ayant vocation à embarquer troquèrent ces dernières pour des épaulettes.

En 1903, il fut enfin promu capitaine de frégate. Il figure ci-dessous toujours aux côtés du capitaine de vaisseau Richard-Foy qui était désormais commandant du Borda et donc de l'École navale. Sans doute ce dernier avait-il apprécié Rageot de la Touche et avait demandé son affectation à bord du vaisseau-école après le Chanzy. Rageot de la Touche est alors son commandant en second. Notons que la suppression de l'habit par le ministre Pelletan, bien inspiré (!), était passée par là. A l'époque, tous les officiers instructeurs à l'École navale portaient les aiguillettes or. Rien n'explique pourquoi le quatre-galons (médecin principal ou mécanicien en chef, au vu de la couleur foncée des parements de manche) ne les portait pas... Et la loi de 1905 n'avait pas encore été rédigée : l'état-major disposait d'un aumônier (le "bohut") reconnaissable à son habit ecclésiastique et à sa croix pectorale "marine" réglementaire (voir https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_42f838bc15e943dc93c8db4cf54f35e6.pdf).

Après l'École navale, il fut désigné en 1907 pour prendre le commandement de la division navale d'Extrême-Orient et de l'aviso-transport Manche. Il retrouvait ainsi l'Indochine qu'il avait quittée en 1887. Il y procéda à des campagnes de relevés hydrographiques le long des côtes d’Annam.
Sur le cliché ci-dessous, il est vêtu de la tenue n°3 définie en 1904, variante avec le veston blanc créé en 1889. C'était à cette époque la tenue autorisée la plus confortable dans les pays chauds. Le grade y était signifié par les galons mobiles aux manches qu'il fallait retirer pour les lavages (galons complétés par des brides d'épaulette uniquement décoratives). Ce n'est qu'en 1912 qu'apparaîtraient en remplacement les pattes d'épaule.

Sur le veston blanc, il est possible de relire un article : https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_225ff21ae22348ec93129cadbd21c0c2.pdf
Dans un prochain billet nous reparlerons de Valentin Rageot de la Touche pour évoquer notamment sa mort tragique aux Dardanelles.





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