1907. L'intéressante épée du vice-amiral Germinet, un objet d'exception
- marine-maubec
- 23 sept.
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Cette épée a été récemment vendue aux enchères. Elle est intéressante à plus d'un titre. D'abord par son propriétaire, le vice-amiral Germinet à la carrière bien remplie. Ensuite par la gravure de sa lame qui, justement, rend compte de son passage dans les plus hautes fonctions de la Marine de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. Enfin pour son type particulier, sans aucun doute influencé par son parcours et nous allons voir pourquoi.

Le vice-amiral Paul Louis Germinet naquit en 1846. Il entra à l'École navale en 1862. Quelques affectations notables, avant des fonctions éminentes au cours de la dernière partie de sa carrière : armée de la Loire pendant la guerre de 1870, second de la canonnière Sabre qui combattit les Communards sur la Seine en 1871, action qui lui valut la croix de chevalier de la Légion d'honneur (épisodes à retrouver dans notre prochain ouvrage), commandant de l'aviso Cygne au Sénégal, commandant du transport Romanche en océan Indien, commandant de la canonnière Météore au Levant, commandant du croiseur Wattignies, commandant du cuirassé Pothuau.
Voici Paul Germinet, alors contre-amiral (photo issue du site https://museedesetoiles.fr/piece/vice-amiral-germinet/) et probablement chef d'état-major de la 2e région, ce qui explique le port des aiguillettes. Il est en tenue n°3 définie en 1902.

Mais avant d'accéder à ce grade, il assura la fonction d'officier d'ordonnance du Président de la République de 1894 à 1896, affectation au cours de laquelle il fut promu capitaine de vaisseau, première inscription sur son épée.

Toujours capitaine de vaisseau, il commanda ensuite la division navale du Pacifique et le croiseur Protet de 1899 à 1901, deuxième inscription sur son épée. Contre-amiral en 1902, il devint préfet maritime de Lorient. Vice-amiral, il prit la tête de l'escadre de la Méditerranée de 1907 à 1911, troisième inscription. Notons à ce sujet que la seule date du début de ce commandement est mentionnée ; la lame a donc été gravée au moins pour cette partie au cours de ce dernier.

Pour le non-spécialiste, cette épée n'a rien de particulier, mise à part sa lame gravée, ce qui est déjà beaucoup. Son clavier porte trois étoiles comme il se doit ; son contre-clavier est richement ciselé... Et pourtant, cette épée, indépendamment de sa riche décoration, s'écarte du règlement ou du moins de ce que l'on peut interpréter (voir https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_7022f093ab644a77b099762ca09c145f.pdf).
Certains diront que les règlements n'existent que pour être transgressés... Il est vrai qu'il est plus facile d'être non conforme quand on est proche du sommet de la hiérarchie.
Quelques observations peuvent être formulées sur la base du décret du 3 juin 1891 : le pommeau est orné de coquilles et non de foudres, disposition retenue pour les officiers de marine non généraux appelés à des fonctions particulières (en principe, les officiers subalternes et supérieurs portent couramment le sabre) ; la fusée est en écaille et non en corne, ce qui est normal pour les officiers généraux de tous les corps ; son clavier comporte six drapeaux et trois étoiles, apanage des vice-amiraux.
Cette épée serait totalement conforme si son pommeau était aux foudres. Sans étoiles, comme Germinet aurait pu la porter pendant son affectation d'ordonnance du Président, son clavier n'aurait dû comporter que quatre drapeaux et sa fusée aurait dû être en corne...
Voici les planches de 1891 (modèle d'épée d'amiral à gauche, de tout autre officier à droite), reprises en 1902 :
L'épée du vice-amiral Germinet est donc un objet d'exception, sans doute authentique, mais composite dès l'origine... Si acquise alors qu'il n'était encore que capitaine de vaisseau, il n'avait pas droit aux six drapeaux et à la fusée en écaille. Si acquise alors qu'il était vice-amiral, son pommeau n'aurait pas dû être à coquilles...
La valeur des épées vendues récemment aux enchères peut être consultée ici : https://www.marins-traditions.fr/epees
Voici une des dernières photos du vice-amiral Germinet (http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_germinet.htm)




















Bonsoir,
Je viens de lire l'excellent descriptif que vous avait fait de cette épée d'exception, qui est sans aucun doute authentique compte tenu de sa qualité d'exécution dans tous ses constituants et plus particulièrement la gravure de la lame qui comporte dans 2 grands cartouches, un sur chaque face, la carrière de ce haut gradé. Vous évoquez que malgré cette qualité elle n'est pas tout à fait fidèle au règlement de 1891 par le motif ornant les 2 faces de la calotte. Personnellement, je détecte 2 autres points qui divergent du règlement. Le bouton de chape qui n'est pas en écusson à palmettes et le bout complètement décoré de fleurettes, de palmes et de feuillages terminé par un dard orné…