1920 – 1939. Devenir pilote de l'aéronautique maritime entre les deux guerres
- marine-maubec
- 2 sept.
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Dernière mise à jour : 3 sept.
Grâce aux photos communiquées par Madame Véronique Rousseau, que nous remercions vivement, nous pouvons retracer le parcours d'un marin ayant choisi de devenir pilote au cours des années 1920.
Rappelons que la spécialité de pilote d’aviation maritime ne fut créée à part entière que le 8 septembre 1936. Auparavant, les pilotes officiers mariniers et quartiers-maîtres appartenaient aux spécialités de mécanicien (pour les spécialités d’origine des matelots démarrant dans la filière de pilote de mécanicien, électricien et torpilleur) et d’arrimeur d’aéronautique (pour les autres spécialités d’origine).
Et précisément, c'est à cette dernière spécialité qu'appartint Alexandre Dafniet dont nous allons décrire le parcours dans la Marine. On voit sur la photo ci-dessous un premier maître pilote d'aviation maritime devant un avion Morane-Saulnier 230 de l'aéronautique maritime (on distingue l'ancre sur la dérive). Le MS 230 était un avion d'instruction, biplace en tandem, en service dans les années 1930. Dafniet est ici en tenue de service avec veston bleu à col fermé – les officiers mariniers ne reçurent le veston à coupe croisée et col ouvert que le 26 juin 1939 – et casquette.

Alexandre Dafniet s'engagea en avril 1918 comme mousse, à 15 ans. Il choisit la spécialité de gabier, c'est-à-dire de manoeuvrier ; il obtint son brevet élémentaire le 1er avril 1920 (diplôme ci-dessous).

Après avoir participé à la campagne de Syrie-Cilicie en 1921, il se porta candidat en 1923 pour devenir pilote et réussit son cours de pilote d'hydravion à Berre, ainsi qu'en atteste son diplôme du 5 février 1924. Il était le 997e marin breveté pilote d'aviation (numéro de son insigne). Comme cette spécialité n'existait pas encore et conformément aux règlements de l'époque, provenant de la spécialité de manoeuvrier, il fut versé dans celle d'arrimeur d'aéronautique. Il y fut promu second maître le 1er janvier 1925 et maître le 1er août 1929. La spécialité de pilote ayant été créée, il devint premier maître le 1er janvier 1937, puis maître principal pilote d'aviation le 1er avril 1940.
Le métier de pilote était très risqué. Ces hommes hors du commun bénéficiaient d'avantages : une appartenance au cadre de maistrance très jeunes (pour Dafniet à 24 ans !), une concession de la Médaille militaire très tôt (Dafniet la reçut alors qu'il n'avait pas encore 25 ans), la réception rapide dans l'Ordre de la Légion d'honneur (Dafniet devint chevalier avant ses 34 ans) par le tableau spécial de l'aéronautique : décret du 30 janvier 1937 paru au JO du 3 février ("18 ans et 8 mois de service, 15 ans et 6 mois à la mer [NDR : du fait des équivalences], 2 campagnes, 1 blessure de guerre en service commandé, 2019 heures de vol de jour, 56 heures de vol de nuit").

Alexandre Dafniet était doué pour le pilotage. Il reçut la mention de pilote supérieur le 1er novembre 1928 et de pilote chef de section en février 1931. Il connut de nombreux centres d'aviation maritime avant guerre : Berre, Cherbourg, Saint-Raphaël, Palyvestre (Hyères), Hourtin, Lanvéoc-Poulmic, Cuers... Sa dextérité fut mise à profit au sein de l'entrepôt général d'aéronautique maritime d'Orly au sein duquel il procéda aux essais de réception de tous les types d'avions et d'hydravions. Mais, plus important, il effectua des embarquements sur le Béarn en 1927 pour participer aux premiers essais d'appontage avec accrochage du brin, de 1934 à 1938 et en 1939-1940. Selon toute vraisemblance, il faisait partie des officiers mariniers qui entouraient le capitaine de vaisseau Lafargue sur une photo publiée dans notre billet https://www.marins-traditions.fr/post/sur-le-pont-du-porte-avions-béarn-en-1927-28

Pendant l'occupation, il reçut des affectations d'attente destinées à préserver les pilotes avant une éventuelle reprise des hostilités : artillerie de côtes de Toulon, base aéronavale de Saint-Raphaël, vraisemblablement comme pilote instructeur, et bataillon des marins-pompiers de Marseille, après l'invasion de la Zone libre.
Le 6 octobre 1944, il fut affecté à la base aéronavale de Khouribga au Maroc, qui était une base-école depuis 1943. C'est dans cette affectation qu'il fut promu officier de 2e classe des équipages le 16 juin 1945. Mais la guerre étant terminée, il choisit de quitter la Marine et fut rayé des contrôle de l'activité le 7 décembre 1945, à 42 ans.
On le voit ci-dessous peu avant son départ, en tenue n°5 définie en 1931, avec ses rappels de décoration de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire.

Alexandre Dafniet fut promu officier de la Légion d'honneur en 1954. Réserviste, il effectua des périodes à Lann-Bihoué et Hyères jusqu'en 1953, suivant le cours de contrôleur d'aéronautique.

Sur la photo ci-dessus, on distingue bien la patte de drap qui recouvrait partiellement les galons ; elle était caractéristique des officiers des équipages.





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