1936 – 1937. Une campagne de l'aéronautique maritime au Sénégal à l'occasion d'une escale du Béarn ?

Nous retrouvons quelques marins de l'aéronautique maritime – elle deviendrait aéronautique navale en mars 1937 –, dont Alexandre Dafniet, grâce aux photos communiquées par Madame Véronique Rousseau à qui nous témoignons notre reconnaissance. Il est possible qu'elles aient été prises lors du séjour au Sénégal des flottilles du porte-avions Béarn en escale à Dakar, à l'occasion d'une campagne d'hiver de l'escadre de l'Atlantique. En effet, le dossier individuel d'Alexandre Dafniet, embarqué sur le Béarn, indique une présence au Sénégal du 30 janvier au 10 février 1937. Il est plus probable que ces clichés aient été pris lors de la campagne précédente au Sénégal du 24 janvier au 8 février 1936, auquel cas, Dafniet, encore maître, pourrait être au centre.

Posant devant un avion bombardier-torpilleur Levasseur PL7, ces marins stationnèrent sans doute quelques jours sur la base d'aviation de Ouakam créée en 1919.

Sur ce cliché se trouvent au moins trois marins : au centre un maître, potentiellement Dafniet mais la définition ne permet pas d'être plus affirmatif, en tenue de service définie en 1922 (blanc complet avec veston à col fermé et casque blanc de 1928), et un matelot ou quartier-maître en chemise en coton tricote (le rayé) avec casque blanc à ruban légendé, et à gauche un second maître en tenue n°306 de 1928 (veston en drap bleu, pantalon blanc et casque blanc).

En 1936, ou en 1937 pendant l'escale du Béarn, les marins firent quelques vols au-dessus du Sénégal et atterrirent sur d'autres terrains, allant à la rencontre de la population. Sur la photo ci-dessous se trouvent des marins au centre, mais aussi vraisemblablement des représentants de l'infanterie coloniale (blanc complet et pattes de col en forme de losange allongé).

Nul doute que pour ces enfants vivant dans la brousse, ces avions étaient extraordinaires.

Voici une autre photo qui permet de détailler les effets de vol alors adoptés. Rien ne permet d'affirmer qu'elle fut prise à Dakar. Toutefois, la présence de casques blancs ou kaki et de membres de l'armée de l'Air (vestons bleus) incline à le penser. Les combinaisons de vol en toile sont pour partie conforme à ce qu'indique à droite le Babu de 1938.

Nous retrouvons enfin Alexandre Dafniet, debout à gauche ci-dessous, premier maître depuis le 1er janvier 1937, sans doute en métropole, compte tenu des tenues portées, en particulier la coiffe bleue de la casquette. Il prend la pose avec ses camarades, dont certains soutenaient les appareils depuis le sol. Avant la Seconde Guerre mondiale, il n'existait que trois spécialités au sein de l'aéronautique navale – les arrimeurs d'aéronautique (créée en 1919), les mécaniciens d'aéronautique (créée en 1921), les pilotes d'aviation maritime (créée en 1936) – et des certificats, comme celui de radiotélégraphiste du personnel navigant. Nous pensons qu'il s'agit ici, en dehors de l'officier marinier en veston de cuir noir, d'arrimeurs et de mécaniciens portant la combinaison en toile bleue prévue par une instruction de 1921.

D'intéressants témoignages de ce que fut l'aéronautique maritime / navale avant la Deuxième Guerre !