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1938. L'investissement de Canton par les Japonais sous le regard d'un jeune enseigne

  • marine-maubec
  • 12 août
  • 3 min de lecture

Grâce au partage par Nicolas Coursault, son petit-fils, de la correspondance qu'entretint avec sa famille Michel Coursault, alors enseigne de vaisseau de 2e classe à bord de la canonnière fluviale Argus, nous pouvons évoquer la prise de Canton par les Japonais en octobre 1938 et ses conséquences pour la ville et ses concessions européennes. En plus de son importante correspondance, Michel Coursault a laissé de nombreuses photos de son séjour en Chine. Outre à Canton, la France y possédait alors les concessions de Han Kéou (le lecteur pourra revoir le billet https://www.marins-traditions.fr/post/quand-la-france-avait-encore-des-établissements-en-chine), Tien Tsin et Changhaï.

L'enseigne de vaisseau Coursault arriva en Chine le 12 octobre 1938, plus exactement à Hong Kong alors sous souveraineté britannique, le jour où les Japonais débarquèrent non loin de là pour s'emparer de Canton. Sa destination finale, son affectation, était l'Argus, équipage de 42 hommes, alors sous le commandement du capitaine de corvette Castaing, un bâtiment quasi-stationnaire relevant les Forces navales d'Extrême-Orient. Il était de faible valeur militaire avec sa chauffe au charbon, ses deux canons de 75 mm, ses deux canons de 37 mm et ses quatre mitrailleuses, au tir desquels l'équipage s'entraînait peu, compte tenu de la station en pays étranger.

Voici l'équipage rassemblé, en tenue bleue à la mauvaise saison (tenue n°5 de 1931 avec veston croisé à col ouvert pour les officiers, droit à col fermé pour les officiers mariniers jusqu'en 1939). Michel Coursault est le deuxième assis à partir de la droite.

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Le 13 octobre, le jeune enseigne prit le bateau qui remontait la Rivière des Perles pour rallier son unité à Canton où il arriva le jour même. Il y trouva une concession française et une concession anglaise qui se partageaient l'île de Shameen, accessibles par le fleuve ou les deux ponts que chaque nation contrôlait, un territoire de 500 sur 150 m environ. La France avait également à sa charge une concession en ville où étaient concentrés l'évéché, la cathédrale, des écoles et des séminaires.

L'Argus avait son poste d'amarrage dans le "canal" séparant l'île de la ville, tout comme les trois canonnières qu'y entretenait la Royal Navy. La mission de l'Argus était naturellement la sauvegarde de la concession française, assurée par ailleurs par un détachement de 50 hommes de l'infanterie coloniale. Ces moyens étaient symboliques vis-à-vis des autorités et de la population chinoises, pas toujours bien disposées à l'égard des étrangers. Renforcés par quelques constructions défensives et des réseaux de barbelés, ces moyens le seraient encore davantage vis-à-vis des Japonais, bien que ces derniers n'eussent pas de velléités de conquête des concessions dans les premiers temps.

Voici le médecin du bord aux côtés des deux hommes de l'infanterie coloniale, devant les défenses de la concession.

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On voit ci-dessous l'Argus à gauche, lors des premiers bombardement de Canton par les Japonais.

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Le 20 octobre 1938, les forces chinoises abandonnèrent la ville alors que les Japonais étaient aux portes de celle-ci. Dans la nuit du 22 au 23, une grande partie de la ville fut incendiée par des Chinois. A Shameen, il fallut arroser les bâtiments et la végétation préventivement pour que les flammèches ne les incendiassent pas.

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Les Japonais ne bombardèrent pas les concessions. Même s'ils ne furent pas toujours agréables avec les Français et surtout les Britanniques, ils se montrèrent alors globalement respectueux des représentants des nations occidentales. Il fallut trouver des règles de cohabitation, maintenir des relations "acceptables"... Sur les deux clichés ci-dessous, les Japonais sont "accueillis" à Shameen (à gauche, des soldats et journalistes ; à droite, le vice-consul et le sous-lieutenant commandant le détachement de la Coloniale introduisent un colonel japonais).

Les destructions de Canton furent importantes. Sur les photos suivantes, l'enseigne de vaisseau Coursault, en tenue n°7 de 1931 (tenue blanche complète sans sabre) accompagne des civils à l'extérieur de la concession, laquelle restait un espace de quiétude au milieu d'une ville sale, misérable et partiellement détruite.

Le fleuve fut parfois fermé, empêchant le libre transit des bâtiments de guerre vers Hong Kong. Jusqu'à l'été 1939, l'Argus put néanmoins descendre vers Hong Kong à quatre reprises, dont deux pour passer au bassin. Le 2 septembre 1939, la canonnière fut immobilisée à Hong Kong, le transit n'étant plus autorisé par l'occupant. Le lendemain, la France et la Grande-Bretagne déclarèrent la guerre à l'Allemagne...

Entre temps, le Japon avait occupé l'île d'Haïnan et, plus grave pour la France car elle en avait pris possession en 1930, l'archipel de Spratleys, dont on parle tant de nos jours... Le Japon se rapprochait de l'Indochine... Et le statu quo relatif aux concessions prendrait fin en 1941.

Pour en savoir plus sur l'enseigne de vaisseau Coursault et ce qu'il vécut à Canton :


 
 
 

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