Comme lors des deux précédents conflits contre l'Allemagne, la marine dispose, après le débarquement en Afrique du Nord des Alliés et la reconquête de la Tunisie, d'importants effectifs qui ne peuvent être entièrement embarqués, et cela en dépit des livraisons de bâtiments effectuées par les Américains. Pour soutenir l'armée et à la demande de cette dernière, en septembre 1943 sont mis sur pied le régiment blindé de fusiliers marins, le 1er régiment de fusiliers marins et le 1er groupe de canonniers-marins (ce dernier deviendra régiment en janvier 1945).
Le 19 septembre 1943, le bataillon de fusiliers-marins de Bizerte devient le Régiment Blindé de Fusiliers Marins, le RBFM, régiment de chasseurs de char.
Evoquons la participation de ces marins à la libération de la France en 1944.
Après s'être entraîné en Angleterre dans le cadre de la 2e division blindée, le RBFM débarque en Normandie le 2 août 1944. Il participe à la reprise d'Alençon les 10 et 11 août, puis progresse vers Argentan du 14 au 21. Relevée par des troupes anglaises le 23 août, la 2e DB fonce vers Paris. Un des chars du RBFM arrive le premier place de l'Etoile. Les escadrons du régiment sont engagés au Luxembourg, à la porte Saint-Denis, aux Champs-Elysées, à la Concorde, aux Tuileries... Le soir du 25 août, la résistance allemande a cessé dans la capitale. Le régiment a détruit 12 chars ennemis.
La photographie ci-dessous, qui appartient à la collection des musées de la ville de Paris, nous montre deux marins le 25 août 1944, dans une jeep du RBFM passant devant le char "Picardie" du 12e régiment de chasseurs d'Afrique, lors de la libération de la capitale. La scène se déroule rue de Tilsit, dans le 8e arrondissement.
Les marins de la 2e DB ont été équipés d'armes portatives (ici des carabines US M1) et d'effets américains, à l'exception notable de la coiffure : bonnets pour les quartiers-maîtres et matelots, casquettes pour les officiers mariniers et officiers.
Ci-dessous le command car M20 "Le Triomphant" du 1er peloton du 3e escadron. Nous ignorons où ce cliché, prochainement en vente, a été pris, mais savons qu'après la campagne de Normandie et la libération de Paris la 2e DB prend part à la campagne des Vosges. Le 13 septembre, les chars M10 du RBFM détruisent 15 chars allemands, dont 12 Panther. Le 15, le 3e escadron est à Valfroicourt. Du 20 au 22, la division franchit la Moselle de vive force à Châtel, juste retour dans un village qui a beaucoup souffert en 1940. Le 3e escadron, en tête de la division progresse entre Lunéville et Baccarat le 23. Rambervillers est pris le 30, puis Baccarat le 31, après une violente résistance allemande.
Suit la campagne d'Alsace. Le 3e escadron franchit la Sarre à Oberstinzel le 20 novembre. Le 23, le lieutenant de vaisseau Josse entre le premier à Strasbourg. Les combats contre les poches de résistance allemande en Alsace durent jusqu'en février 1945. Le régiment est ensuite engagé pour la réduction de la poche de Royan, puis est dirigé vers l'Allemagne à la fin d'avril pour y participer à la prise de Berschtesgaden. Il est rapatrié le 30 mai, avant de partir pour l'extrême-Orient.
Au vu de l'aspect relativement léger de l'habillement, cette photo a pu être prise entre août et octobre 1944. Les marins sont bien reconnaissables par leurs coiffures spécifiques. Pour bien signifier son appartenance à la marine, un officier marinier a même apposé sur la manche gauche de sa chemise les deux ancres croisées écarlates sur drap bleu en principe réservées aux quartiers-maîtres en matelots. Cette pratique était très répandue ; de nombreuses photos montrent l'enseigne de vaisseau Philippe de Gaulle, à la tête du 1er peloton du 1er escadron, avec ces ancres cousues sur la manche gauche de sa veste de treillis.
La photo suivante, également prochainement en vente, montre trois quartiers-maîtres ou matelots sur la tourelle du chasseur de char (tank destroyer) M10 "Lansquenet" du 2e peloton du 3e escadron. Elle a probablement été prise à la même période. Le M10 est un engin redoutable pour les panzers. Assez peu protégé (sa tourelle est ouverte), il est cependant très mobile et son canon de 76,2 mm est très efficace.
Source de l'historique de l'unité : capitaine de frégate Caroff, Les formations de la Marine aux armées 1939 – 1945, Service historique de la Marine, 1953.
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