Le convoyage de l'or de la banque de France en 1939

Le reportage de l'ECPAD sur la mission particulière du convoyage de l'or de la Banque de France nous donne l'opportunité de voir en situation l'étrange casque adopté par la Marine le 10 septembre 1939, alors que la guerre avait débuté.

Dans le cadre de plusieurs opérations organisées depuis le début des années 1930 et demandées par la Banque de France, plus de 400 tonnes d'or français furent soustraites aux Allemands grâce au transport maritime vers le Canada effectué et escorté par la Marine à l'occasion de quatre voyage outre-Atlantique entre novembre 1939 et mars 1940. Cet or, dont la destination finale était la réserve fédérale américaine à New-York, devait en particulier permettre de régler l'acquisition de matériel militaire aux Etats-Unis. Au nom de leur neutralité dans le conflit, ces derniers avaient en effet imposé à partir du 4 novembre 1939 la règle du cash and carry (payer et transporter).

Le 11 novembre 1939, un premier chargement de 100 tonnes d'or fut embarqué sur les croiseurs légers la Marseillaise et le Jean de Vienne ainsi que sur le cuirassé Lorraine, accompagnés des contre-torpilleurs Aigle et Lion et des torpilleurs Simoun, Fortune et Railleuse, ensemble de bâtiments constitutifs de la force Z. Le convoi appareilla dans la nuit du 13 au 14 novembre 1939. Trois autres transports allaient suivre au cours de la Drôle de Guerre.

Ces clichés ont été pris à bord de la Marseillaise. Le premier nous présente un quartier-maître ou matelot canonnier servant d'un affût double de mitrailleuses de 13,2 mm. Il est en tenue n°71 définie le 15 mars 1928, avec sa vareuse et son pantalon en toile bleue par dessus le jersey, la chemise en molleton et le pantalon de drap.

Le port du casque modèle 1939 n'est pas si fréquent car l'approvisionnement de toutes les unités avec le nouveau casque et le masque à gaz AFM34 adapté à ce dernier dut prendre quelque temps après son adoption. Des priorités avaient alors été définies :  1. Personnel des formations de DCA, personnel à découvert sur le pont des navires au combat, personnel des formations d’aéronautique ; 2. Armement à découvert des batteries de côtes, personnel de commandement et personnel militaire des organismes à terre munis du masque (AFM 34) de combat ; 3. Personnel des compagnies de débarquement des bâtiments, personnel des compagnies de fusiliers-marins provenant de l’école des fusiliers-marins.

Ainsi, au début de la guerre, de nombreuses photographies montrent encore des marins embarqués avec des casques Adrian modèle 1926. Après l'armistice, les approvisionnements aidant et parce que la propagande de Vichy désirait montrer le visage d'une marine invaincue et moderne, elle présenta souvent les marins au combat avec des casques 1939 sur la tête (voir https://www.marins-traditions.fr/post/les-canonniers-à-bord-du-richelieu-en-1942).

Le cliché ci-dessus nous permet de bien observer la spécificité du casque modèle 1939, avec son système d'accrochage de la cartouche filtrante du masque à gaz dont le tuyau annelé passait par dessus le casque. Le masque dans sa boîte est porté en attente sur le dos par ce matelot de 1re classe.

Sur ce masque à gaz si particulier, le lecteur intéressé pourra lire avec intérêt l'article suivant : https://www.marins-traditions.fr/_files/ugd/c3f5ca_6317bee734074886a71662a376fb57f1.pdf

Le commandant de la Marseillaise était le capitaine de vaisseau Yves Hamon que l'on voit ici en tenue n°5 définie le 22 janvier 1931, avec veston et casquette. C'était alors la tenue la moins formelle et la plus confortable qui pouvait être vêtue à la mer.

Après un ravitaillement aux Bermudes les 27 et 28 novembre 1939, les bâtiments arrivèrent dans le port d'Halifax le 1er décembre. Une fois l'or déchargé, le convoi reprit la mer en compagnie de cargos transportant notamment des troupes canadiennes vers le Royaume-Uni.