Quatre emprunts nationaux furent émis durant la Première Guerre mondiale. En octobre 1918, les finances de la France en guerre étant dans un piètre état, le quatrième permit de récolter 55 milliards de francs. Ces emprunts furent naturellement à chaque fois annoncés par voie d'affichage, mais ce quatrième, dit "de la libération", mit à contribution les armées et particulièrement la marine qui envoya à Paris un de ses sous-marins, le Montgolfier.
Le Montgolfier était un sous-marin de haute mer de la classe Brumaire. Il fut mis à flot en 1912, admis au service actif en 1914 immédiatement après la déclaration de guerre, et en fut déjà retiré en 1921. Pesant 400 tonnes en surface, long de 52 m, il était armé de 7 tubes lance-torpille de 450 mm et de deux canons, l'un de 37 mm, l'autre de 75 mm.
On voit ci-dessous, au cours de la guerre, l'équipage réuni dans un port que nous ne sommes pas parvenus à identifier, mais le sous-marin opéra toujours en Manche pendant la guerre (Cherbourg, Boulogne, Dieppe, Calais ?). Il était commandé par le lieutenant de vaisseau Henry Thomas que l'on voit au centre en redingote. A sa droite figure un enseigne de vaisseau, sans doute son second, vêtu d'un veston à coupe droite. Derrière eux se trouve un premier maître, également en veston bleu, probablement mécanicien. Au dernier rang, au centre, se distingue un maître (deux galons à lézarde) avec des motifs brodés au collet de son veston ; il s'agit sans doute d'un pilote dont l'insigne distinctif était constitué de deux ancres croisées surmontée d'une étoile depuis 1887. Plusieurs seconds maîtres sont visibles (coupe croisée du veston et une ancre à chaque coin du collet) ; certains arborent sur la manche gauche l'insigne des sous-mariniers (torpilles et foudres croisées en or pour les seconds maîtres). Rappelons que les autres officiers mariniers sous-mariniers ne porteront aucun insigne distinctif jusqu'en 1946.
L'équipage était ainsi composé de 20 quartiers-maîtres et matelots, 4 seconds maîtres, 1 maître pilote, 1 premier maître mécanicien, et deux officiers, soit 28 hommes.
Pour susciter les souscriptions, le sous-marin dut donc remonter la Seine jusqu'au pont de la Concorde où il fut en mesure d'accueillir de nombreux visiteurs. Rien d'étonnant finalement lorsque l'on se rappelle que des sous-marins furent construits à Châlons-sur Saône jusqu'en 1939...
Les Parisiens se pressèrent pour découvrir le Montgolfier et souscrire à bord à l'emprunt national. Cette unité resta à quai entre les ponts Alexandre III et de la Concorde du 13 octobre 1918 au 10 janvier 1919.
On le voit arriver ci-dessous.
Puis accosté contre des ras débordoirs.
L'accueil du public exigea la mise en place d'une coupée plus sécurisée qu'une simple planche.
Sur les deux photos suivantes, le factionnaire équipé du brelage adapté au Lebel paraît bien s'ennuyer.
Et pourtant, il fallait bien accueillir ces messieurs et dames endimanchés...
L'opération rencontra apparemment un vif succès.
Photos CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
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