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Un exercice de mise en batterie d'un canon de marine de 16 cm le 13 septembre 1916

Etudiant l'action des marins pendant la guerre de 1870-71, nous nous sommes souvent interrogés sur la manière de transformer un canon de fort calibre destiné à un navire en un canon devant compléter l'artillerie lourde non loin du front. Grâce au carnet constitué par le "contre-amiral Jéhenne, commandant de la 3e division de la réserve générale d'artillerie lourde" (titre de ce recueil) lors d'un exercice de mise en batterie d'un canon de marine en 1916, nous avons une partie de la réponse. Ce carnet provient des documents conservés par M. Frédéric Jéhenne, descendant de l'amiral.

Le capitaine de vaisseau Jéhenne a été nommé adjoint au général commandant de l'artillerie lourde de la VIe armée le 18 mars 1916, après avoir commandé les canonnières fluviales.

La manoeuvre de cette pièce de 14 ou de 16 cm n'est nullement improvisée ; une fosse aux bonnes dimensions est préalablement creusée et des équipements particuliers ont été spécialement fabriqués : caissons de plateforme, sous-sellette métallique, sous-sellette en bois... pour accueillir l'affut. Bien que préparé, le mouvement exige bien des bras et sans aucun doute une bonne dose de débrouillardise. Mais les marins français n'en manquent pas !

Ces clichés nous montrent donc des marins des formations de la marine à terre au cours de la Première Guerre mondiale, ici des canonniers marins, dont les faits d'armes seront distingués par la création d'un drapeau le 10 décembre 1917.

Les canonniers marins conservent sur le terrain plus d'effets de marin que les fusiliers marins, mais adaptent leurs tenues aux tâches à exécuter et à l'environnement (brodequins et bandes molletières). En commun aux deux catégories de marins de l'équipage, on trouve principalement le bonnet à houppette. Pour le reste, contrairement aux fusiliers, les canonniers restent vêtus de la chemise en molleton bleue et, pour certains, de la chemise en coton tricoté (le rayé). Leur pantalon est peut-être en toile bleue (effet créé initialement pour les mécaniciens et chauffeurs à bord des bâtiments) ou en toile rousse (salie par la boue de l'Est de la France), mais est plus sûrement non réglementaire (de nombreux soldats ont reçu des pantalon de velours sur le front...).

Le mouvement est supervisé par un officier (homme à la canne), dont on distingue bien les galons de format réduit sur les manches d'un veston à la coupe très "armée", qu'on retrouve également chez les fusiliers marins à cette époque, comme sur la casquette de mer (galons dans un macaron ovale sur le devant). Sur la photographie ci-dessous se trouve également un premier maître, à gauche, au veston réglementaire à une rangée de boutons.

Sur la vue ci-dessous, on peut distinguer un deuxième officier de marine porteur d'une canne, avec un veston réglementaire à une rangée de boutons or, mais également un autre officier coiffé d'une casquette apparemment de marine, mais au veston qui pourrait être bleu horizon. Ce dernier officier est porteur de chevrons d'ancienneté au front sur le bras gauche.

L'opération se poursuit... L'arrivée de l'affut nécessite une vingtaine de mètres de voie ferrée étroite Decauville.


Il a fallu près de 2h30 pour que la pièce soit prête à tirer, sans compter les travaux de terrassement préalables. Il faudra un peu moins d'une heure pour réaliser l'opération inverse.

Les pièces de gros calibre de la marine sont donc surtout intéressantes pour leur puissance, mais, en dépit des difficultés de leur déplacement, elles ne seront pas mises en oeuvre que dans le cadre d'une bataille aux lignes de front figées. Ainsi en attestent les 22 mouvements effectués par la 1re batterie mobile de l'artillerie lourde à grande portée de la marine d'août à décembre 1916 qui tirera 10 000 obus sur la période (CV Thomazi, Les marins à terre, Payot, 1933, p. 169).

Nous ajoutons la photo suivante qui montre que l'un des officiers est sans doute capitaine de vaisseau. Il pourrait s'agir du capitaine de vaisseau Jéhenne, qui ne sera promu contre-amiral qu'en février 1917. L'officier en bleu horizon est porteur de 3 chevrons, soit deux ans au front.

Pour terminer, voici l'amiral Jéhenne dessiné par Fouqueray, avec ses six chevrons de présence au front, soit 3 ans et demi ! Jéhenne termina sa carrière dans la marine comme préfet maritime à Bizerte. Il reçut deux citations à l'ordre de l'armée au cours de la guerre ; il était Grand Croix de la Légion d'honneur.


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